Il y a vingt ans, l’écrivain Paul Auster tente une expérience inédite sur les ondes d’une radio américaine : il propose aux auditeurs de lui envoyer leurs « histoires vraies ». Un seul mot d’ordre, lui faire parvenir « de courtes dépêches, des rapports envoyés du front de l’expérience personnelle ».
En un an, il recueille plusieurs milliers de textes dont les meilleurs sont lus chaque semaine en direct. Cent quatre-vingts d’entre eux, triés sur le volet, se retrouvent dans un recueil publié en 2001 intitulé True Tales of American (plus connu en France sous le titre Je pensais que mon père était Dieu et autres récits de la réalité américaine aux éditions Acte Sud).
En s’inspirant de l’appel de Paul Auster, L’Atelier des histoires se lance dans une collecte à travers toute le Bretagne de ces « petites histoires » tantôt ordinaires tantôt extraordinaires. Une collecte basée sur des échanges simples et spontanés avec les participants, à l’image de l’initiative « Histoires vraies de Méditerranée » portée par François Beaune en 2011.
Aujourd’hui, plutôt que de recevoir seulement les récits par courrier, nous avons la chance de pouvoir mener le projet avec les moyens d’internet et ainsi :
– Créer un site web sur lequel les participants pourront déposer leurs témoignages sous forme de textes ou de bandes-son ;
– Partir à la rencontre des Bretons, de 7 à 107 ans, pour recueillir des petits et des grands récits, des secrets de familles, des légendes du coin, des tranches de vie, des souvenirs émouvants, des anecdotes de boulot…
Une collecte sur le terrain
L’Atelier des histoires partira à la rencontre des gens et entrera en contact direct avec eux. Dans cette quête, l’association sollicitera de multiples partenaires afin de tisser des réseaux et relayer le projet sur un plus large territoire. Elle souhaite ainsi collecter des histoires auprès de :
– Maisons de quartiers, associations, lieux culturels, réseaux de bibliothèques et de médiathèques ;
– Établissements d’enseignement : écoles, collèges, lycées ;
– Foyers de jeunes, centres sociaux ;
– Hôpitaux, EHPAD, clubs de retraités, institutions religieuses ;
– Au hasard d’une rue, chez l’habitant, dans un bistrot, à la croisée des champs, etc.
Un projet pluridisciplinaire
Aux prémices du projet, Florence Rochery, photographe, collectrice d’histoires et directrice de production, a souhaité associer à sa démarche deux illustrateurs, deux comédiennes, auteures et metteures en scène, un graphiste multimédia et plasticien, un créateur sonore ainsi que deux webmasters. Le projet est né du désir de réunir plusieurs disciplines autour d’un même but : retranscrire le quotidien pas si ordinaire des Bretons, par le biais de petits récits aussi bien anciens que contemporains.
Il s’agira pour eux de tricoter, à plusieurs mains, le réel qui leur est conté afin de dévoiler une « réalité cachée ». Les histoires collectées auront vocation à être restituées et diffusées sous toutes les formes : transposées à travers l’écriture de courts récits mais aussi par le biais d’images, de photographies, de planches de bande-dessinée, de créations théâtrales et sonores, etc. Le projet sera construit autour de paysages, d’objets, de lieux, de gens. Il fera des participants des acteurs et des bâtisseurs de l’histoire de leur territoire.
L’équipe